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Pascale présente Une Europe des poètes, de Bernard Lorraine

Une Europe des poètes, de Bernard Lorraine qui a sélectionné les poèmes regroupés dans cette anthologie poétique européenne.

Hachette / Le Livre de Poche, décembre 1991, 416 pages, ISBN 978-2-10168291


Quatrième de couverture

Une poésie sans frontières : en un seul livre, les plus beaux poèmes des pays de l’Europe des Douze.

Les frontières s’effacent, l’Europe devient notre espace vie commune ; issus d’une même histoire, les Européens se reconnaissent un même destin, ils inventent une même culture.

Mais l’Europe unie n’est pas uniforme.

De l’Antiquité à nos jours, chacun dans sa langue, les poètes constituent l’Europe, notre patrie, tout en sauvegardant, l’originalité irremplaçable de leur chant poétique.

Les traducteurs de ce livre unique et divers sont tous des poètes.


Mon avis

Une fois encore je vais devoir me répéter : la poésie ne se passe pas à la moulinette pour en tirer une critique, laissons-la telle qu’elle doit être : libre d’être perçue par tous les lecteurs selon son affinité avec les mots et toujours attachée à son auteur.

Ce petit livre fort intéressant nous fait voyager dans toute l’Europe des Douze, chaque pays est introduit par une présentation géographique mais surtout l’historique de la poésie de ce pays.

Bien sûr, cette anthologie ne pouvait contenir tous les poètes de chaque patrie européenne, mais elle a su mettre les plus beaux échantillons couvrant une large plage temporelle. Rappelant que ce livre date de 1991, vous ne croiserez que l’Europe des Douze. Pour connaître l’historique de l’Europe, les pays membres de l’Union européenne passez par ici.

Avant de commencer le voyage, l’Europe est mise en avant et nous pouvons lire des poèmes qui lui sont dédiés écrits par des poètes de toute nationalité au-delà de l’Europe c’est ainsi que j’ai croisé Pablo Neruda nous contant notre Europe avec ses mots par ce joli texte : Quelques mots à l’Europe.

Il serait bien difficile de retracer tout le livre par des poèmes mais je puis vous assurer qu’on y découvre beaucoup de poètes plus ou moins connus en France et qui méritent d’être lus.

Je vais pourtant vous mettre un texte.


Majesté

Passe un roi, et c’est le Poète.

Non par son pouvoir d’ordonner,

Mais par sa grâce, et magique, et secrète,

D’imaginer.

Son spectre : la plume, aveugle navette

Du métier à tisser les vers.

Son manteau, c’est la peau, pure hermine que fouette

La fange des chemins divers.

Un grand souverain

Au triste destin :

Un monstre humain

De droit divin.

Miguel Torga (pour le Portugal)


La poésie européenne ne pourrait se cantonner dans un seul style et courant, c’est pourquoi ce livre est riche et intéressant si on veut aborder la poésie de l’Europe, bien sûr la restriction nous pousse à dépasser ces pages et par la magie du virtuel rechercher d’autres auteurs européens.

Je ne peux que vous inciter à découvrir ce livre que vous trouverez dans toute bonne bibliothèque voire d’occasion sur le Net, je suis moins sûre qu’il soit encore en vente actuellement dans les librairies, il date de 1991.

J’ai lu ce livre dans le cadre du challenge poesie5continents pour le continent  images[2] .

Ne pouvant nous restreindre à un seul poète, un seul pays, profitons de la richesse de cette Europe afin de nous y abreuver pleinement, chaque pays étant une découverte avec ses poètes multiples, belle synergie pour les lecteurs avides de savoir ou tout simplement de plaisir.

Lisez les noms des auteurs et vous serez surpris d’y croiser des personnages illustres dont on ne pouvait imaginer :  poètes…


Poètes présentés par pays

Allemagne : Johann Wolgang von Goethe – Friedrich von Schiller Friedrich Novalis – Clemens Brentano – Adalbert von Chamisso – Annette von Droste-Hülshoff – Heinrich Heine – Eduard Mörike – Friedrich Nietzsche – Sfefan George – Christian Morgenstern – Gottfried Benn – Stephan Hermlin

Angleterre : William Shakespeare – John Donne – William Blake – Robert Burns – William Wordsworth – Samuel Taylor – Lord Byron – Alfred Tennyson – Emily Jane Brontë – Rudyard Kipling – T.S. Eliot

Belgique : Georges Rodenbach – Emile Verhaeren – Charles Van Lergerghe – Max Elskamp – Maurice Maeterlinck Géo Libbrecht – Marcel Thiry – Paul Neuhuys – Robert Goffin Géo Norge – Achille Chavée – Maurice Carême – Andrée Sodenkamp – Roger Bodart – Jaan Mogin – Liliane Wouters – Guido Gezelle – Karel Van de Woestijne – Karel Jonckheere – Herwig Hensen – Joes de Haes

Danemark : Thomas Kingo – Hans Christian Andersen – N.F.S Grundtvig – Sophus Claussen – Thorkild Bjornvig

Espagne : Saint Jean de la Croix – Lope de Vega – Franscisco de Quevedo – Gustavo Adolfo Bécquer – Miguel de Unamuno – Antonio Machado – Juan Ramon – Pedros Salinas – Jorge Guillén – Federico Garcia Lorca – Rafael Alberti

France : Charles d’Orléans – François Villon – Joachim du Bellay – Pierre de Ronsard – Louise Labé – Jean de la Fontaine – Alphonse de Lamartine – Victor Hugo – Alfred de Musset – Charles Baudelaire – Paul Verlaine Arthur Rimbaud – Paul Fort Mari Noël – Jules Supervielle – Paul Éluard – Louis Aragon – Robert Desnos – Jacques Prévert Maurice Fombeurre – Claude Roy – René Guy Cadou

Grèce : Homère – Aristophane – Constantin Cavafy – Nikos Kazantzakis – Georges Seferis Yannis Ritsos

Irlande :  Samuel Lover Thomas Moore Samuel Ferguson – William Butler Yeats – James Joyce – Eavan Boland

Italie : Virgile – Saint François d’Assise – Dante Alighieri – François Pétrarque – Laurent de Médicis – Michel-Ange Buonarroti – Giacomo Léopardi – Umberto Saba – Dino Campana – Vincenzo Cardarelli – Giuseppe Ungaretti – Eugenio Montale – Salvatore Quasimodo – Valerio Magrelli

Luxembourg :  Paul Palgen – Edmond Dune – José Ensch – Nikolaus – Anise Koltz

Pays-Bas : Pieter Cornelis Boutens – Hendrik Marsman – Remco Campert Judith Herzberg

Portugal : Almeida Garret – Fernando Pessoa – Mario de Sà Carneiro – Miguel Torga


Pour aller plus loin je vous invite à lire (bilingue) la poésie de l’Europe sur ce site (cliquez sur le logo)

Cette chronique de lecture est originellement parue le 24 mars dans Mot à mot…, blog sur lequel vous pouvez lire d’autres articles de Pascale.

Laura présente Le peu du monde, de Kiki Dimoula

Alors voilà pour la poésie grecque : Kiki Dimoula.

Je l’ai découverte à l’occasion du Printemps des poètes 2010 « Couleur femme ».

C’est chez Poésie Gallimard et on pouvait pour 2 livres achetés dans cette collection (dont j’ai déjà beaucoup de titres), avoir une superbe affiche.

Cette poétesse est née en 1931 à Athènes et publie son premier recueil en 1952. En tout, 12 recueils.

Son œuvre est très liée à la photo, aux poètes métaphysiques tel T.S Eliot, Emily Dickinson ou Donne.

Ses 4 grands thèmes : l’amour, la peur, la mémoire et la nuit.


Le peu du monde, suivi de Je te salue Jamais

Poésie Gallimard, mars 2010, 212 pages, ISBN 978-2070412334

Préface de Nikos Dimou, traduction du grec de Michel Volkovitch

Recueil que j’ai commencé dans le train ce matin.


Un poème que j’ai trouvé sur ce site : http://www.volkovitch.com/F02_31.htm

JUNGLE

Matin et toutes choses au monde

posées

à la distance idéale du duel.

On a choisi les armes,

toujours les mêmes,

tes besoins, mes besoins.

Celui qui devait compter un, deux, trois, feu

était en retard,

en attendant qu’il vienne

assis sur le même bonjour

nous avons regardé la nature.

La campagne en pleine puberté,

la verdure se dévergondait.

Loin des villes Juin poussait des cris

de sauvagerie triomphante.

Il sautait s’accrochant

de branche d’arbre et de sensations

en branche d’arbre et de sensations,

Tarzan de court métrage

pourchassant des fauves invisibles

dans la petite jungle d’une histoire.

La forêt promettait des oiseaux

et des serpents.

Abondance venimeuse de contraires.

La lumière tombait catapulte

sur tout ce qui n’était pas lumière,

et la splendeur érotomane dans sa fureur

embrassait même ce qui n’était pas l’amour,

et jusqu’à ton air morose.

Dans la petite église personne

à part son nom pompeux, Libératrice.

Un Christ affairé comptait

avec une passion d’avare

ses richesses :

clous et épines.

Normal qu’il n’ait pas entendu

les coups de feu.


Une chronique de lecture de Laura, également publiée sur son blog.