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Lelf présente Axiomatique, de Greg Egan

Axiomatique, de Greg Egan

Le Livre de Poche, octobre 2009, 496 pages, 7,50 €, ISBN 978-2-253087831


Axiomatique est un recueil de 18 nouvelles de science-fiction, écrites par Greg Egan, auteur australien très remarqué ces dernières années. En France, son recueil Océanique vient de recevoir le prix du Cafard Cosmique après avoir obtenu le prestigieux Prix Hugo et le Prix Locus en 1999. Greg Egan est spécialisé en Hard Science, ses nouvelles sont empruntes des connaissances scientifiques actuelles, utilisées pour expliquer des sociétés futuristes.

Axiomatique, où l’on trouve des assassins marchant entre les mondes parallèles, des artistes fous prêts à tout pour faire vivre l’Art, un cristal qui permet l’immortalité, des implants qui modifient les convictions profondes, des vortex temporels instables ou encore des savants qui jouent au Tout-Puissant.


De la hard-science au service d’une réflexion sur la condition humaine

La plongée dans ce recueil n’est pas des plus aisée, le style de Greg Egan étant très poussé, notamment dans la théorie scientifique. Physique, chimie, biologie ou mathématiques sont les supports des nouvelles et l’auteur se sert de connaissances avérées pour imaginer les évolutions et dérives possibles de ces sciences. Le lecteur scientifique reconnaîtra ainsi du vocabulaire et des principes connus, mais que les non-scientifiques se rassurent, il n’est pas facile, quoi qu’il en soit, de suivre la pensée de l’auteur. Néanmoins, selon les nouvelles la théorie est accessible ; et même en renonçant à une compréhension totale le message passe bien et l’aventure est un plaisir à suivre.

La science sert de prétexte à une profonde réflexion sur l’humain. L’auteur soulève notamment de nombreuses questions d’éthique (eugénisme, tests pharmaceutiques, définition d’une entité intelligente, les scientifiques qui jouent au Tout-Puissant…), ainsi que sur la nature profonde de l’Homme (où commence et s’arrête la liberté, comment définir une personnalité – notamment si on la copie, qu’est-ce qui définit un couple et sa longévité…). Ces interrogations philosophiques sont relativement poussées et abordées de différentes façons, certains textes se faisant parfois écho entre eux. La science-fiction est le moyen idéal pour soulever ces thématiques et Greg Egan l’utilise de manière subtile, proposant différents niveaux de lecture, le lecteur n’étant pas obligé de voir toutes ces analyses derrière l’aventure, mais la percevant néanmoins.


Des récits d’aventure riches

Côté intrigue, le suspense est de mise. Les héros sont souvent amenés à faire des choix dont les conséquences bouleversent leur quotidien, ou celui de leur entourage immédiat, voire celui de la société entière. Le déroulement est parfois prévisible, ce qui n’entache pas vraiment l’intérêt de la lecture, étant donné la profondeur de réflexion qu’il est possible de développer. Le petit détail amusant à souligner est le décor évoqué : l’Australie. Il est assez inhabituel de parcourir les rues des villes de ce pays ou d’avoir des histoires qui utilisent ses caractéristiques (comme par exemple dans Eugène, où l’on apprend que les gens choisissent d’avoir la peau noire, ce qui est plus pratique au soleil et fait chuter le taux de cancers de la peau).


Quelques nouvelles appréciées, plus en détail :

Lumière des événements : Les hommes reçoivent le journal de leur vie à l’avance, écrit par leur moi futur. Quelle place reste-t-il pour l’imprévu, ne peut-il y avoir de mensonges et comment peut-on s’écarter de cette route toute tracée ?

Le coffre-fort : Une conscience qui passe de corps en corps, habitant les gens pour 24 h. Plutôt comique au départ et intéressant de voir cet homme projeté dans des inconnus et s’approprier leur vie.

En apprenant à être moi : Pour prévenir la dégradation du cerveau et garantir l’immortalité de la conscience, les hommes ont tous un cristal qui enregistre une copie de leur cerveau. Cristal et cerveau sont-ils une seule personne ou deux entités qui pourraient se différencier et qui cohabitent ? Une belle question d’identité, des réponses qui pourraient bien faire froid dans le dos.

Orbites instables dans la sphère des illusions : Un couple marche entre les bulles d’attractions qui renferment des croyances. S’ils s’approchent de trop près d’une de ces bulles, ils pourraient malgré eux adopter la croyance qui la caractérise et ne plus jamais repartir. J’ai une petite affinité personnelle pour la réflexion qu’elle propose, autour de la définition de liberté. Même quand on se croit en liberté, l’est-on vraiment. Quand on se rebelle et refuse les sentiers battus, ne suit-on pas également un chemin établi par avance. Jusqu’à quel point est-on libre de ses choix et de ses mouvements ? La prise de conscience suffit-elle à changer cet état ? De bons souvenirs de philo en somme, et une nouvelle qui conclut bien le recueil.


En bref, Axiomatique est un bon recueil, une bonne surprise de retrouver toute cette réflexion éthico-philosophique et de voir les sciences utilisées de manière aussi pointue. Mais c’est également une lecture un peu exigeante. Avis aux amateurs.

Ce livre a été lu en LC, retrouvez les chroniques des autres blogueurs : Guillaume44, Anudar, Valunivers, Cachou, Charmante Lova, Nadège.

Axiomatique constitue également la deuxième étape de mon tour des 5 continents en nouvelles et en imaginaire, pour l’Océanie.


Cette chronique de lecture est originellement parue le 25 juin dans Imaginelf, blog sur lequel vous pouvez lire d’autres articles de Lelf.

Johan présente Là où vont nos pères, de Shaun Tan

Là où vont nos pères, de Shaun Tan

Dargaud, 2008, 120 pages, 15,50 €, ISBN 978-2205059700


Je vais faire d’une pierre, trois coups aujourd’hui. En effet l’ouvrage que je vais vous présenter entre dans le cadre de 3 challenges auxquels je participe : À la découverte d’un pays d’Everthkorus (consacré à l’Australie pour la première édition), le défi BD sur les 5 continents de Catherine (pour l’Océanie) et mon challenge BD. Eh oui aujourd’hui c’est encore mieux que le shampooing, c’est du 3 en 1 sur mon blog ^^

Là ou vont nos pères (The arrival en VO) est un album de BD franco-belge de Shaun Tan (auteur sino-australien donc j’espère que ça ira pour les deux autres challenges ^^) publié chez Dargaud dans la collection Long Courrier en 2008. À noter que cet album a reçu le Fauve d’or à Angoulême en 2008 (prix qui récompense le meilleur album).

Un homme quitte sa famille pour partir à l’étranger et tenter de s’en sortir là-bas, dans cet endroit où il ne connaît rien n’y personne et où tout lui est étranger.


Mon avis

J’ai envie de dire OUAHOU !!! On prend une bonne claque dans la gueule devant cet album. Déjà il faut savoir que vous ne trouverez pas le moindre texte, point de phylactères par ici, juste les dessins somptueux de Shaun Tan qui parlent d’eux-mêmes. Parfois les dessins s’étalent sur une double page, d’autres fois c’est une succession de petites vignettes semblables à des photos dans un album, ce découpage sert habilement le récit et renforce la beauté de l’histoire.

Cet album est un fantastique hommage muet à tous ces gens qui ont décidé de tout quitter et de partir dans un pays étranger dans l’espoir de pouvoir y vivre une vie meilleure pour eux et leur famille. Ces gens qui partent dans un endroit complètement inconnu, en ne parlant pas la langue, en ne connaissant rien des coutumes, etc., qui risquent tout avec seulement un espoir, celui de mieux vivre, d’assurer un avenir radieux pour leur famille.

Le fait qu’il n’y ait pas le moindre texte, fait également que chacun s’approprie l’histoire à sa façon, y voyant ce qu’il veut en fonction de son vécu, etc., en faisant ainsi un album abordable à tous les âges. En revanche cette absence de texte peut, peut-être, en déboussoler certains, puisqu’ici c’est au lecteur de comprendre et d’imaginer ce qu’il veut.

Les dessins sont entièrement dans des tons sépias, grisés, etc., qui donnent également l’impression d’avoir entre les mains un album de photos souvenirs, dont tous les instantanés mis bout à bout nous racontent l’histoire de la famille.

En bref, une BD atypique, mais qui vaut vraiment le coup de s’y intéresser (enfin comme d’hab je vous conseille de feuilleter avant d’acheter, ou d’emprunter avant, pour vous faire une idée) ne serait-ce que pour le superbe trait de Shaun Tan et pour le vibrant hommage qu’il rend à tous les exilés, immigrés, réfugiés, etc., qui ont pris un jour leur courage à deux mains et ont tout quitté dans l’espoir d’une vie meilleure.


Question bonus : vous seriez prêt à quitter tous vos proches, pour partir vivre ailleurs dans l’espoir d’une meilleure vie ?


Cette chronique de lecture est originellement parue le 25 mai dans Les lectures de Mr. Zombi, blog sur lequel vous pouvez lire d’autres articles de Johan.

Bambi Slaughter présente Le koala tueur et autres histoires du bush, de Kenneth Cook

Le koala tueur et autres histoires du bush, de Kenneth Cook

Autrement, collection Littératures, février 2009, 154 pages, ISBN 978-2-7467-1239-3


« Je n’aime pas les koalas. Ces sales bêtes, aussi hargneuses que stupides, n’ont pas un poil de gentillesse. Leur comportement social est effroyable – les mâles n’arrêtent pas de se tabasser ou de voler les femelles de leurs semblables. […] Leur fourrure est infestée de vermine. Ils ronflent. Leur ressemblance avec les nounours est une vile supercherie. Il n’y a rien de bon chez eux. Sans parler du fait qu’un jour, un koala a essayé de me jouer un tour pendable. »


Ce recueil de nouvelles de l’Australien Kenneth Cook nous fait découvrir une Australie loin de Melbourne et consorts. Via des nouvelles courtes, l’auteur nous plonge dans le bush sauvage australien et au mileu de sa faune. Grouillant de crocodiles, de serpents vénimeux, de cochons sauvages très agressif… Le bush n’a rien d’une carte postale de vacances.

Si Kenneth Cook affirme que toutes les histoires relatées dans ce recueil sont véridiques, on est bien tentés de le croire : ce bush a l’air d’être autant surprenant qu’imprévisible et dangereux.

Enfin, si l’auteur se trouve assez souvent dans des situations compliquées : un koala accroché à l’entre-jambe, un pote saoul au milieu de serpents mortels…, il a l’art de le raconter avec légèreté, en utilisant l’humour ce qui nous fait finalement lire le recueil d’une traite avec un grand sourire.

Livre lu dans le cadre du challenge d’Evertkhorus : Destination Australie, et celui de Nouvelles sur les 5 continents.


Cette chronique de lecture est originellement parue le 25 mai dans Polars and co (mais pas que), blog sur lequel vous pouvez lire d’autres articles de Bambi Slaughter.

Laura présente Beach Burial, de Kenneth Slessor

Beach Burial, de Kenneth Slessor

J’avoue, j’ai cherché sur Wikipédia, parce que je ne connaissais pas de poète australien ; grâce à Catherine, c’est fait :


Kenneth Slessor (27 mars 1901 – 30 juin 1971)

La suite sur Wikipédia.


Derniers vers de Beach Burial

Dead seamen, gone in search of the same landfall,

Whether as enemies they fought,

Or fought with us, or neither ; the sand joins them together,

Enlisted on the other front.

Marins morts, partis à la recherche du même débarquement,

Ou bien ils ont combattu comme ennemis,

Ou bien ont combattu avec nous, ou ni l’un ni l’autre ; le sable les a réunis,

Engagés sur l’autre front.


Œuvres de Kenneth Slessor

1920 : Country towns

1926 : Earth Visitors

1930 : A Bushranger

1932 : Cuckooz Contrey

1939 : Five Bells

1944 : Beach Burial ; One Hundred Poems

1957 : Poems


Une note de lecture de Laura, participante que vous pouvez retrouver sur son blog Laura Vanel-Coytte.